Ya des mauavais jour comme ça...

C’est bien connu, dans la vie, il y a des hauts et des bas. C’est pas compliqué, c’est comme une longue montagne russe. Malheureusement pour Tina, elle avait souvent eu l’impression que cette montagne russe descendait plus qu’elle ne montait. Sa vie avait été constamment bouleversée par divers événements. Son père était alcoolique, sa mère – avec qui elle s’était toujours merveilleusement bien entendu – avait été tué dans un supermarché alors que Tina n’avait que 10 ans et depuis ce jour, la jeune femme n’avait cessé de chuter. Son adolescence avait tout particulièrement été difficile à vivre. Son père l’avait totalement ignorée alors qu’elle avait tant besoin de lui. Elle avait du affronter la perte de sa mère seule alors que son père noyait son chagrin dans une bouteille d’eau de vie. C’est pour fuir sa vie maudite qu’elle avait quitté la Norvège.
Ce jour là, vendredi soir, la jeune femme avait passé des mauvais moments. Tout d’abord elle avait enduré Sacha toute la semaine. C’était toujours comme ça depuis un an, mais depuis qu’ils avaient couchés ensemble ça semblait pire encore. À la limite, ça passait, après tout c’était rendue une habitude, un peu comme un rituel. Et étrangement, quand ils sentaient qu’ils touchaient un point trop sensible pour l’autre, au loin de foncer et d’aller jusqu’au bout, ils reculaient d’un pas et trouvaient une zone moins sensible à affronter et à attaquer sans pitié. En arrivant chez elle ce soir là, Tina trouva une lettre inattendue. Elle venait de Norvège, de son père. Elle ne lui avait jamais reparlé depuis son départ, lui laissant simplement une lettre qui lui indiquait qu’elle partait faire sa vie, quelque part aux États-Unis. Il avait probablement fait des recherches et avait fini par la retrouver. Elle ne pouvait pas le croire. Elle se demandait ce que pouvait bien contenir la lettre, mais jamais elle ne se serait imaginer une telle abomination. Cette lettre avait probablement été écrite alors qu’il était complètement saoul, elle eut même l’impression que le papier était imprégné de Whisky bon marché. Cette lettre lui fit mal, très mal, trop mal. Elle était insultée, dépeinte comme une fille ingrate qui avait abandonné son père, renié son sang et oublié sa défunte mère. C’était plus qu’elle ne pouvait endurer. Elle ne lut même pas la lettre au complet, elle prit son manteau et se dirigea vers le Irish pub. Arrivé là-bas, elle se commanda une, deux, trois puis quatre consommations. Elle n’arrivait pas à s’arrêter, mais elle n’avait pas envie de s’arrêter non plus. Cela ne lui prit pas beaucoup de temps, elle était complètement saoule. Assise au fond du bar, seule et oubliée du reste du monde, elle déprimait. Elle balaya le bar du regard, personne qu’elle connaissait, tant mieux. Mais quelque chose la poussa à faire un acte qu’elle risquait fort de regretté… mais quand on a bu, on ne réfléchi pas toujours aux conséquences de nos actes. Elle prit son cellulaire et envoya un SMS à Sacha… Pourquoi lui? Elle n’en avait aucune idée…

«Tu me hais, je te hais, on se hait. Tant qu’on reste constant au fond tout va bien. »

C’était tout. Pas d’explications, rien du tout. Elle se sentait détesté de tous. Elle soupira longuement et se commanda une autre consommation. Elle passerait probablement une bonne partie de la nuit ici, jusqu’à ce qu’on lui dise que le bar ferme… Alors elle retournerait à son loft, seule au monde. Elle se demandait si elle avait bien fait de quitter son pays natal… Au fond l’indifférence est-ce que c’était vraiment pire que le mépris? Elle portait des leggings noir avec une longues chemise bleue nuit...